PAAAAAAAAARCE QUEEEEEEEEE !
Même si cette première réponse se suffit à elle-même, je vais développer légèrement plus, en posant une autre question :
Quelle est la finalité de votre photo ?
En fait, quand on prend une photo, c’est LA question que je pense qu’il faut se poser. Ma tolérance ne sera pas la même pour une photo destinée à l’impression en grand format ou une photo destinée à mettre dans l’album de famille.
Globalement, avec la profusion d’images qu’engendre l’augmentation de la capacité des cartes mémoire et de la rafale des appareils photos, seuls environ 0.5% des photos numériques que j’ai pu prendre ont été vues par quelqu’un d’autre (Je ne prends en compte ni ma femme et ni les photos de famille). Beaucoup dorment dans mes différents disques durs et comme ça me fatigue de les monter dans la tour et que je n’ai pas envie de claquer des sous dans un boitier externe, je ne les regarde que rarement – même si je l’ai fait ces derniers temps pour redévelopper des photos un peu anciennes.
La première finalité d’un photo, aujourd’hui, c’est de dormir (quelle bande de feignasses…) dans un disque pour ne jamais en sortir, du coup, les 0.5% restantes sont diffusées sur les réseaux sociaux et peut-être 1% d’entre elles ont été imprimées en taille inférieure à du A2 et 0% en A2 ou supérieur.
Alors pourquoi ?
Et bien c’est simple, quand vous diffusez une photo sur internet, elle est rarement en full résolution et les gens ne collent pas leur nez dessus pour compter les grains de sable que ma fille a collé sur les mains (ou alors il faut consulter).
Ça n’engage que moi, mais une photo, ça se regarde dans sa globalité, pas le nez collé dessus, c’est un équilibre assez instable entre le flou, le net, les couleurs et la composition.
C’est bien de regarder un détail sur une photo, c’est sympa, mais quel est l’intérêt ? si on veut faire du gros plan, autant prendre un objectif macro et on se rapprocher du sujet.
Le piqué, le piqué, le piqué…
Dans la bouche de photographes qui ne regardent leurs photos qu’à 100%, on entend également beaucoup parlait de ce terme bâtard et très subjectif de piqué : »est-ce que cet objectif pique bien ? », « cet objectif manque de piqué » ou encore « ta photo manque de piqué est-ce que c’est dû à la compression jpeg ? ».
Cette expression est très subjective parce que c’est une question de tolérance et de compromis et vous me direz qui peut le plus peut le moins, c’est vrai, et il est même possible de faire du portrait avec un objectif macro (à condition d’adoucir la peau du modèle après, parce que sinon, vous le ferez une fois, pas deux !).
Pour moi, le rendu d’un objectif est bien plus important que le piqué. En priorisant, je dirais qu’en premier lieu vient le rendu des couleurs, ensuite la qualité du bokeh et pour finir la netteté qui se dégage.
Une photo pourra dégager une sensation de netteté et pourra être super nette à 100% mais si elle a des couleurs pourries, je trouverais ça pas terrible (un peu comme avec le zoom EF-S 55-250 f4.5-5.6 de chez Canon, qui a un « piqué correct » sur le papier (voir pour ça les test de Photozone, DPreviews etc…) -ça reste relatif- mais dont les couleurs virent rapidement au délavé plus on va en fond de focale).
Et puis il ne faut pas oublier que quand on monte un peu dans les tours ISO, la netteté se dégrade rapidement, donc regarder une photo à 6400iso en full zoom, c’est regarder une soupe de pixels, donc, c’est un peu stupide aussi.
Un exemple :
La photo a été prise a 2500iso et le grain se voit fortement à 100%, ce n’est pas propre, même avec les corrections de netteté. Mais le but n’est pas que le fichier soit lisse et net à 100%.
Avec la photo en entier c’est beaucoup plus intéressant non ?
Le piqué, c’est pas la vie, c’est bien, mais il faut parfois savoir s’en défaire pour créer. Je ne vous dis pas non plus de shooter à travers un cul de bouteille hein ?
Mais, y a-t-il un intérêt à regarder une photo à 100% ?
Le seul intérêt que je vois dans le zoom à 100% sur une photo, c’est de faire les retouches locales, on va pouvoir enlever les petites poussières qui vont attirer l’œil, régler la netteté, régler la réduction du bruit, enlever un bouton purulent sur la peau de notre modèle, supprimer un objet… et tout ça de façon précise, il m’est arrivé pour enlever un objet de zoomer jusqu’à 400% sur Photoshop.
Conclusion
Tant qu’elle n’est pas destinée à une impression en A2 ou plus, regarder une photo à 100% n’a d’intérêt que pour faire les corrections locales (netteté, nettoyage des poussières…) car une fois partagée, elle n’est regardée que dans sa globalité. Et même quand on imprime en A2 ou plus grand, ce n’est pas pour coller son nez dessus, ça sert à rien, on peut prendre pour exemple les affiches 4×3 qu’on trouve au bord des routes, de loin, c’est pas mal, mais quand on se rapproche, c’est dégueu, ça ressemble à du mauvais pointillisme. Gardez ça à l’esprit avant d’écarter une photo qui pourrait être la photo du siècle pour son « manque de netteté » ou son « trop de grain ».
Par exemple, la photo de Warren Richardson, le gagnant du World Press Photo 2016, ce qui en fait une bonne photo en plus du message chargé en émotion qu’elle délivre, ce sont ses imperfections :