Enfin le second épisode de « Faire revivre des photos anciennes ». Aujourd’hui, mieux qu’au cinéma ! nous allons visiter la ville de Semur-en-Auxois en « trois dimensions » dans les années 50 grâce à des négatifs stéréoscopiques.
Si vous voulez voir l’épisode précédent sur la communiante, c’est par ici !
L’enquête
Les négatifs
Cette série de photos a été prise sur des plaques de verre 6*13 Super-Aschrom orthochromatique anti-halo 28° de la Société des produits photographiques As de trèfle.
J’ai trouvé peu de choses sur ces négatifs, on en trouve des traces dans des publicités dans les journaux mais pas énormément d’informations non plus. A priori, elles étaient fabriquées en France dans l’usine de Saint-Maur qui a ouverte en 1925 et si je m’en réfère à ce que m’ont dit les membres de l’excellent forum du site http://www.collection-appareils.fr (merci au passage !) elles auraient commencé à être produites dans les années 33/34. Nous pouvons décrypter un peu l’étiquette pour la gloire et la science :
- 6*13 : taille de la plaque de verre en cm, format panoramique.
- Orthochromatique : C’est un type d’émulsion qui est insensible au rouge, c’est à dire qu’on peut le développer à la lumière inactinique (rouge) de faible intensité. La plupart des papiers argentiques noir et blanc sont orthochromatiques.
- Anti-halo : C’est une substance colorée que l’on met à l’arrière du film ou de la plaque de verre afin d’éviter les réflexions parasites.
- 28° : c’est la sensibilité du film, ici, ça correspond à 500iso donc un film très rapide.
L’appareil
Difficile de déterminer l’appareil qui a servi à faire cette série, on sait par les négatifs qu’il s’agit d’un appareil à plaques de verre stéréoscopique avec des optiques d’assez bonnes qualités. Si on s’en réfère à l’excellent site de Sylvain Halgand, on ne trouve pas des milliers de modèles qui utilisent des plaques de verre en 6×13.
Cependant, on trouve trois plaques – que je considère – de test exposées par le photographe (en fait elles étaient donné avec l’appareil pour prouver que les deux objectifs étaient bien calés), et l’on trouve sur l’une d’entre des publicités pour le Verascope.
Le Verascope de Jules Richard est justement un de ces appareils stéréoscopiques. On peut supposer que l’appareil qui a pris ces photos est un de ces modèles en 6×13.
Si l’on se fie à la même photo de test qui a été annotée, on peut supputer que les optiques ouvrent a minima à F4.5.Par déduction, je pense que notre appareil pourrait éventuellement être de ce type.
Sans grande conviction tout de même.
Edit 15/05/2016 : D’après Arnaud SAUDAX (membre du forum collection-appareil), les plaques de test étaient données avec l’appareil pour démontrer que les optiques étaient bien calées. Elles n’ont donc pas été exposées par le photographe mais comme elles étaient en sa possession, on peut déduire que l’appareil est bien un Verascope.
Pour exploiter les images 3D prises par ces appareils, deux solutions : loucher pour superposer les images, le cerveau fait le reste ! Il y a aussi la possibilité d’acheter une visionneuse assez onéreuse et imprimer les photos sur papier transparent après les avoir modifier quelque peu, mais ce n’est pas très rentable !
L’année
Des informations ci-dessus, on peut commencer à restreindre la période, on peut supposer qu’elles ont été achetées entre 1933 et… je ne sais pas quand la production de ces plaques a été arrêtée, je n’ai pas trouvé de date. Je suppose au début des années 60, ce genre d’appareil à plaque ne se vendant plus. Il y a également, sur la boîte des négatifs plusieurs inscriptions manuscrites :
Pour les deux premières inscriptions, il n’y a aucun doute sur leurs significations, cependant, pour les deux dernières, je ne peux faire que des hypothèqueses (Big up au 93) :
Commençons par le 53, cela pourrait correspondre à l’année, ça reste incertain, mais au vu de certaines photographies, la mode vestimentaire et le réfrigérateur, ça correspond à peu près à la période. Facile mais incertain.
Après cette résolution d’énigme digne d’un des meilleurs scenarii de Colombo, nous pouvons nous concentrer sur le « P 32 ». On peut faire toutes les interprétations possibles, seul le photographe (RIP) pourrait nous dire ce qu’il en est réellement. Après avoir retourner mon cerveau dans tous les sens, et sachant que ces mentions sont certainement là pour référencer la boîte parmi d’autres, ce genre de mentions est généralement à dissocier, d’un côté la lettre et le chiffre : un peu comme dans les grands HLM où la lettre correspond aux bâtiment et le chiffre au numéro d’appartement.
Cependant, je ne peux pas tirer de conclusions. Trop de possibilités. Si vous avez des idées, je suis preneur.
Le lieu
C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus ! On est donc à Semur-en-Auxois, jolie petite ville médiévale de Bourgogne, lieu de villégiature sympathique, je ne vais pas m’attarder sur l’histoire de cette ville, mais sachez qu’il y a pas mal de vestige du moyen-âge, ça prendrait trop de temps à détailler et on est pas là pour ça ! Plus d’informations sur le site de l’office de tourisme et le site de la mairie.
Le photographe
Sûrement un amateur averti : Ses compositions sont tout à fait correctes, même si les plaques sont assez surexposées, en même temps, du 500 ISO en plein soleil, ça donne un temps de pose assez court, si l’on suit la règle du F16, on trouve 1/640ème, ce qui à l’époque n’est pas permis par tous les appareils et encore moins par les appareils stéréoscopiques.
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